Approche systémique

“Aujourd’hui, notre tâche la plus urgente est peut-être d’apprendre à penser autrement”
Gregory Bateson, 1969

Penser autrement… Réfléchir à la façon dont on réfléchit. Certains utiliseront le terme « épistémologie », d’autres celui de « méta-réflexion ». Une des nécessités premières dans notre société est sans aucun doute de diversifier nos façons de pensée, et de sortir du monopole de la pensée linéaire.

Dans le jeu de la ficelle, et en particulier son carnet d’accompagnement, on distingue 4 épistémologies différentes, 4 façons de penser. Quelques exemples valent mieux qu’un long discours:

Exemple 1

Prêtons-nous à un petit jeu : Comment avez-vous choisi votre partenaire ? Avez-vous recherché surtout…

  • Une belle blonde – un beau brun ? Il s’agit d’une démarche objectale-linéaire.
  • Une personne avec qui vous pouvez communiquer, être en relation ? Démarche circulaire.
  • La personne avec laquelle vous pouvez fonder un projet, être en confiance, pour le chemin de la vie ? Démarche constructiviste.
  • La certitude absolue qu’un hasard, qui d’ailleurs n’en était pas un, vous a jeté irrémédiablement dans les bras de l’un de l’autre? Approche fondatrice – mythique.

Bien évidement, pour vous, ce fut un peu de tout… et pourtant !

Exemple 2: la petite histoire de Jules et Henriette
Jules est alcoolique et son épouse Henriette est dépressive.

  • Ils consultent Monsieur Linéaire. Celui-ci pose son diagnostic : la dépression de madame est la cause du tourment du couple. Il hospitalise Henriette pour soigner sa dépression conçue comme la cause évidente des difficultés de Monsieur. Imaginez la cause et la solution trouvées, si le couple consultait Madame Linéaire, plutôt féministe.
  • Même couple, mais qui consulte Madame Circulaire. Celle-ci conçoit le problème comme causé par la rétroaction suivante : Jules boit parce qu’Henriette est dépressive et vice et versa. Cela forme une « danse », que Madame Circulaire va tenter de soigner, par la communication au sein du couple et la modification de leur interaction.
  • Jules et Henriette visitent Monsieur Constructiviste. Celui-ci essaye de comprendre les diverses tentatives de solution mobilisées par le couple et cherche ce que lui, en tant que thérapeute, va pouvoir apporter de singulier à ce moment précis de l’évolution du couple. Il se fait que Jules et Henriette ont commencé leur « danse » dès lors l’apparition de la question de l’enfant, elle-même engageant le couple dans un bouleversement : devenir une famille. Monsieur Constructiviste devient l’acteur – témoin de ce moment de réorganisation. Il sait et partage avec le couple combien sa position est délicate, et que sa propre préférence pour une vie en couple influencera sûrement son jugement.
  • Cette fois-ci, le couple visite Madame Mythique. Son attention à la narration, tant en termes de contenu que de structure, sa curiosité et son étonnement face à la singularité du couple, les conduisent à s’étonner eux-mêmes de leur identité. En fait, Henriette est infirmière et l’axe de sa vie est « d’aider l’autre ». Jules fut l’enfant à problème de sa famille, émigrée de 1ère génération, perdue dans une société qu’elle ne connaissait pas. Leur couple a fondé son identité dans une belle histoire de sauvetage. Un récit de sauvetage réciproque se construit et permet à chacun de complexifier sa narration (et celle de leur couple). Madame Mythique partage sa perplexité, mais aussi son plaisir à co-construire une nouvelle belle histoire de radeau sur l’océan déchaîné. C’est promis, elle en descendra au prochain îlot !