Une ficelle comme fil rouge pour le voyage! Le jeu de la ficelle, créé par Daniel Cauchy, m’a profondément marqué. Animateur du jeu depuis 2008, j’ai voulu en faire le centre de mon voyage. C’est ainsi que j’ai adapté, animé, mis en scène le jeu de nombreuses fois tout au long du périple. Mais j’ai surtout exploré la partie la plus intéressante du jeu: la construction d’alternatives, en rencontrant un très grand nombre de groupes, collectifs, coopératives, mouvements qui oeuvrent pour un monde plus juste, par la voie de l’agroécologie.
Le jeu
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Le jeu de la ficelle est un outil qui permet de visualiser et de modéliser les liens entre notre consommation alimentaire, les éléments qui déterminent notre mode de consommation et les impacts de ce modèle. Ces liens sont représentés par une ficelle reliant les différents acteurs en interaction.
La modélisation se construit en trois cercles concentriques. Au début du jeu, les participants sont invités à se placer selon les trois cercles et reçoivent chacun une identité qui correspond à l’un des trois cercles :
- Les participants placés dans le premier cercle de l’assiette reçoivent une carte d’identité comme « je suis le boeuf », « je suis la laitue », « je suis la banane »…
- Ceux qui sont installés dans le second cercle des organisateurs reçoivent des identités du type « je suis une multinationale », « je suis la publicité »…
- Tandis que ceux du troisième cercle des impacts reçoivent des cartes comme « je suis l’océan », « je suis un paysan belge », « je suis un enfant du Kenya »…
Au cours de l’animation, les différents éléments des trois cercles vont progressivement être mis en lien à l’aide d’une ficelle, pour former une grande toile complexe qui relie tous les participants entre eux.
Chaque participant, lorsqu’il a reçu son identité, dispose d’un moment au cours de l’animation pour exprimer qui il est, et pourquoi il se sent en lien avec d’autres éléments du cercle. Ce moment représente une occasion d’ajouter la dynamique du jeu de rôle à celle de l’exercice de visualisation. La première phase du jeu se termine lorsque tous les participants ont décliné et joué leur identité, qu’ils sont tous reliés les uns aux autres et qu’ils visualisent et sentent physiquement, grâce à la ficelle qui les relie, les liens et les interactions entre eux.
Les étapes suivantes du jeu sont une phase de partage des émotions, de mise en évidence du « système» et de ses règles, puis finalement une étape de construction d’alternatives.
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Une ficelle dans mon sac…
Pendant une pause du très dense FSE d’Istanbul, j’ai expliqué aux principaux intéressés ce qu’est le jeu de la ficelle. Trop peu de personnes pour y jouer, mais une bonne remarque de variante fut suggérée: inclure un historique du système alimentaire (plusieurs jeux successifs avec à chaque fois une évolution du système: identités nouvelles, transformées, disparues).
A Ulenkrug, j’ai laissé le jeu se dérouler en Allemand. Très hasardeux… Le groupe était constitué de résidents permanents d’Ulenkrug mais aussi d’un groupe d’étudiants qui y cultive une parcelle. Ces derniers ont beaucoup apprécié le jeu, plusieurs habitants estimant quant à eux ne pas avoir appris grand chose. En deuxième partie, je leur ai demandé d’introduire l’alternative d’Ulenkrug et d’autres groupements/associations liés, en choisissant une nouvelle identité. Cette phase ne fut pas très réussie, même si elle me permit de découvrir nombre d’alternatives locales. Le débat engendré fut, lui, très riche, introduisant mon projet alors encore assez flou.
A la difficulté de la langue, mon Portugnol étant encore très limité, j’ai aussi pu ajouter ici celle d’un public peu alphabétisé. Adrilian m’épaulait pour l’occasion, après un long briefing et une adaptation du jeu (riz, haricots, huile de soja transgénique et poulet aux hormones figuraient l’assiette locale). L’idée était de faire venir les identités du public, et de compléter par la suite pour que chacun ait une identité. Malheureusement, vu le nombre de personnes, l’opération s’est avérée impossible, une fois dépassé le cercle de l’assiette. Devant alors fournir des identités à environ 40 personnes, le jeu a pataugé et beaucoup sont partis. Avec la dizaine de survivants, nous avons pu nous en sortir, même si la phase alternative n’a pas être abordée faute de temps.
Au cours du voyage, ce sont près de 40 animations du jeu qui furent réalisées, avec des traduction en portugais et en espagnol, ainsi que des adaptations à de nombreuses thématiques (mine d’or, barrage, transport,…).
Exemple: jeux de la ficelle et conférences au Collège de Presto (Chuquisaca Centro, Bolivie)