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Ocupa POA, les indignés made in Porto Alegre

Après avoir suivi de loin le mouvement des indignés, et sentant l’envie de m’impliquer un peu plus dans ce mouvement spontané, j’ai rejoint après le forum social le mouvement Ocupa POA. Au total, j’aurai passé près de 2 mois sur la « Praça da Matriz », une expérience que je ne suis pas près d’oublier. Sentant que le mouvement battait de l’aile à mon arrivée j’ai tenté d’apporter mon expérience pour le réorganiser. Ca a pris dans un premier temps, comme durant le congé du carnaval qui a permis au noyau dur de se fortifier. Mais la dynamique des campements est complexe, et la forme de protestation très dure, d’autant plus qu’elle est souvent incomprise par la population locale ici au Brésil. J’ai rédigé un texte pour tenter d’expliquer ce qu’était le mouvement. Il est paru alors qu’il avait déjà pris fin. Mais c’est une bonne chose, et je tire plusieurs enseignements de cette expérience:
1. Il y aura toujours plus de gens pour marquer leur mécontentement de ce système. A Porto Alegre, j’ai découvert la corruption énorme d’un système politique qui ne respecte rien, alors que des communautés sont expulsées du centre pour la spéculation immobilière liée au Mondial à venir, dans un état qui est champion du Brésil (lui-même champion du monde) dans l’utilisation de pesticides.
2. Le mouvement a fait sa force par l’occupation des médias. A Porto Alegre, ce fut un point particulièrement faible du mouvement, paralysé par les oppositions de ceux qui ne veulent pas passer par les grands médias.
3. Le mouvement est bon dans l’énonciation de problème, parfois avec une vision systémique, mais pas en terme de solutions et de convergence des mouvements existants.
4. Le consensus a ses limites, surtout quand on a des personnes se considérant du mouvement (tout le monde pouvant a priori en faire partie) mais empêchant toute avancée.
5. La condition première est d’avoir un groupe uni. Si le lieu occupé et les personnes qui l’occupent ne sont pas considérés comme sacrés, alors mieux vaut arrêter. C’est important de pouvoir dire stop. Sans cela, on rentre dans des énergies négatives.
6. Occuper les rues, c’est se confronter à ceux à qui elles appartiennent: les sans-abris. Si les relations entretenues sont la plupart du temps amicales (certains ont fait partie de Ocupa POA), gérer les problèmes d’alcool ou de violence est une condition de survie de l’occupation.

Après cette pause militante, il m’est apparu encore plus clairement la nécessité d’aller vers ceux qui construisent, le mouvement Ocupa POA restant essentiellement dans la critique. Mais ce fut très très enrichissant. Je me souviendrai toujours de ces pierres portugaises et des companheiros acampados!